Le
renouvellement :
Courir. Encore et toujours. Une nouvelle course.
Comme si la précédente n'avait pas assez coûté. Nous cacher ? À quoi bon.
Elle nous retrouve toujours.
J'ai la sensation de voler tellement je cours vite. Soudain
je m'écrase. Le contact avec la terre humide est violent. Une racine avait
attrapé mon pied.
J'entends un cri. Très rapidement et sans me retourner, je
repars. Mon coeur bat dans mes tempes, dans mes lèvres. La tête me tourne,
dangereusement. L'adrénaline qui m'avait portée jusque là s'est fait emporter
par la vague.
Pourquoi nous ? Pourquoi moi ? Pourquoi serait-ce
nous qui devrions payer pour les erreurs de nos aînés ?
Je ne veux pas disparaître. Je ne veux pas mourir. Je ne
veux pas. Je ne veux pas périr sous la main de cette vague de Renouvellement.
Je perds le rythme. Mon allure ralentit. D'autres personnes
me dépassent. Un garçon se retourne et m'encourage. Tout le monde s'entraide
depuis le début. Et pourtant personne ne se connaît. Une sorte de solidarité
s'est tissée. Moi je n'aide personne. Je ne me retourne pas. Qu'ils se
fassent happer par la vague ne me fait plus ni chaud ni froid. Je ne veux seulement
pas être la prochaine. Seule ma vie compte à présent. Survivre est devenue une
obsession.
De nouveaux hurlements. Plus proches. Toujours plus proches.
Je prends le risque de me retourner. Une fille se fait dévorer par la vague
d'onde. Elle se tort de douleur sans qu'un son n'émane. Je m'arrête. Le même
garçon que tout à l'heure, me tire par le bras et m'entraîne dans sa course.
Mais qu'est ce qu'il m'arrive ? Je ne dois pas
m'arrêter. L'envie de vivre se fait plus puissante. Ma course s'accélère. Je
double tout le monde. Cette chasse se transforme en course. Une course
contre la mort. Contre le monde. Je n'écoute plus. Je me focalise sur les
battements de mon coeur qui me rappellent que je suis vivante. Et que je le
resterai. Oui, je vivrai. Cette vague ne m'absorbera pas. Elle ne me changera
pas. Non.
Je comprends à présent la peur. La peur du changement, du
Renouvellement de nos aînées. Un nouveau monde se créer. Un monde naturel. Et
ce sont des êtres innocents et respectueux de l''environnement qui doivent le
gouverner. Pas nous. Nous ne sommes pas aptes. Trop pervertis. Pervertis par la
consommation.
J'ai mal. Tellement mal. Mais jambes
trop lourdes s’enfoncent dans le sable nouveau. Ma gorge me brûle. Mes poumons
se rétractent. L'air ne passe plus. De l'air. Terriblement besoin d'air. Je
m'étonne que mon coeur n'ait pas encore explosé.
Je suis seule. Ils sont tous tombés.
Ils ont tous failli. Il n'y a plus que moi. Et Elle. Nous sommes seules,
personnes ne peut m'aider. Je suis seule face à Elle.
Un viaduc, au loin. Je sais déjà que je
ne l'atteindrai jamais. Trop d'effort. Effort que je ne peux plus procurer. Je
tombe, essoufflée, le coeur au bout des lèvres. Je ne peux plus me relever.
C'est
la fin.
J'attends. Une seconde me paraît une
éternité. Mais rien.
Le Renouvellement est obligatoire. Il
devait arriver un jour où l''autre. J'espérais, seulement, à n'avoir jamais à
le subir.
Encore une seconde. Elle n'arrive pas.
La vague n'arrive pas.
Une force me pousse à me relever. À me
retourner. À lui faire face. La rage. La rage qui m'envahit. La haine contre
nos aînés, qui nous ont abandonnés à sa merci. À la merci de cette vague,
qu'ils ne voulaient pas connaître. Cette vague, contre laquelle je me bats. Et
bien moi, ce changement obligatoire, ce Renouvellement universel, ces erreurs
passées, je les assume. Je les endosse. Je ne vais pas m'agenouiller sous le
poids de la culpabilité. Sous le poids de la défaite.
Je ne suis pas coupable et je n'ai pas
perdu.
Au contraire, je vais gagner. Je vaincrai.
Je survivrai.
Il le faut.
Je hurle, me vidant de ma colère et de
mon désespoir.
Les jambes tremblantes, je cours.
Encore.
Mais cette fois-ci avec un nouveau
but : vaincre.
Je me jette, tête la première dans
l'onde.
C'est la fin. Je ferme les yeux.
Tu es trop géniale, tu es la plus forte, tout le monde t'aime, Bravo Mallow!!!
RépondreSupprimerMerci merci x)
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