mardi 10 décembre 2013

Coralie

Réinitialisation

On n'aurait jamais dû tenter le diable. Quels idiots. Et maintenant, on court, comme des lapins fuyant un chasseur. Le jeu n'en valait pas la chandelle. On n'aurait jamais dû tenter de détruire le système. Il arrive. Il est là. Et nous, on essaye de se sauver, de le fuir, du mieux que l'on peut. On ne sait pas où on va, mais ce qui est sûr, c'est qu'on y va. Nous savons juste que nous devons trouver un type près d'une vieille usine désaffectée.
Nous ne sommes déjà plus au complet, deux se sont fait attraper, deux ont disparu.
Je sens me force diminuer au fil du temps, je la sens s'affaiblir. J'arrive de moins en moins à courir.
Deux jours, deux jours qu'on essaye de se sauver, deux jours qu'on fuit, deux putains de jours !
Malgré tout, il nous reste de la force depuis notre dernière charge, peut-être pas assez pour tenir toute la journée, sûrement pas même, mais peut-être assez pour s'enfuir d'ici et ne pas se faire attraper dans ces bois, comme de vulgaires gibiers.
Mine de rien, on la sent, elle est là, tout près, juste derrière nous. Elle nous observe, nous épie, nous pourchasse, pour nous tuer, nous éradiquer, nous supprimer.
Dans notre course, nous croisons ce type en voiture, celui qui devait nous aider, mais cet idiot s'est laissé attraper. Il s'est laissé mourir. Voilà.. Nous sommes morts.
Je pousse de plus en plus sur mes jambes, il le faut, pour se préserver, alors je cours, pas comme un footing, non, c'est plus une course contre la mort, ou mieux une course à la mort.
Je peux apercevoir la fameuse usine dont l'autre imbécile nous avait parlé. Cela veux dire que bientôt nous serons sauvés, nous ne sommes plus très loin de la délivrance.

En peu de temps, nous pénétrons à l'intérieur, mais les deux imbéciles commencent â partir de l'autre côté. Se séparer n'est pas une bonne idée ! Une très mauvaise plutôt !
Je ressens l'envie de leur crier de revenir, mais je n'ai ni la force, ni le temps.
C'est idiots se sont jetés dans la gueule du loup...

Nous pouvons apercevoir la plage à travers un grillage épais. C'est la où nous devons aller, sur la plage, derrière le grand viaduc. Mais ce grillage nous empêche de passer !
Heureusement que celui ci est plié, un peu plus loin. Nous devons donc sauter par dessus.
Et le sait.. Ce saut.. Et bien.. Il a été plus qu'épuisant.. En effet.. Ma batterie vient de se décharger d'un coup..
Mon cerveau me hurle de m'arrêter, que ça ne sert plus à rien de fuir.
Nous créons nos propres démons, et le nôtre va nous tuer..
Je vais mourir, voilà ce que me répète sans cesse.. Très optimiste tout ça...

Je suis la seule. La dernière.. Et je sais que je n'y arriverai pas.. Je le sens..
Ce n'est pas de l'abandon.. Non c'est de la résignation.. Peut-on fuir ce que nous créons?

Une course à la mort veut bien dire ce qu'elle veut dire... Je vais mourir.

Quoi que je fasse, je ne m'échapperai pas, je ne partirai pas. Alors à quoi bon ?

"Alerte ! Batterie faible : 3%"
Ça ne sert à rien.

C'est décidé, je me retourne et cours vers elle, vers ce que j'ai créé. Je n'ai jamais couru comme ça de ma vie entière.
Je crie , je hurle de toutes mes forces.
Je crie ma frustration, ma colère, mon amour, toute ma peine.

Je crie lorsque mon corps entre en contact avec ce mur, j'entends une voix, dans ma tête, dire : "Réinitialisation effectuée".

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