Réinitialisation
On
n'aurait jamais dû tenter le diable. Quels idiots. Et maintenant, on
court, comme des lapins fuyant un chasseur. Le jeu n'en valait pas la
chandelle. On n'aurait jamais dû tenter de détruire le système. Il
arrive. Il est là. Et nous, on essaye de se sauver, de le fuir, du
mieux que l'on peut. On ne sait pas où on va, mais ce qui est sûr,
c'est qu'on y va. Nous savons juste que nous devons trouver un type
près d'une vieille usine désaffectée.
Nous
ne sommes déjà plus au complet, deux se sont fait attraper, deux
ont disparu.
Je
sens me force diminuer au fil du temps, je la sens s'affaiblir.
J'arrive de moins en moins à courir.
Deux
jours, deux jours qu'on essaye de se sauver, deux jours qu'on fuit,
deux putains de jours !
Malgré
tout, il nous reste de la force depuis notre dernière charge,
peut-être pas assez pour tenir toute la journée, sûrement pas
même, mais peut-être assez pour s'enfuir d'ici et ne pas se faire
attraper dans ces bois, comme de vulgaires gibiers.
Mine
de rien, on la sent, elle est là, tout près, juste derrière nous.
Elle nous observe, nous épie, nous pourchasse, pour nous tuer, nous
éradiquer, nous supprimer.
Dans
notre course, nous croisons ce type en voiture, celui qui devait nous
aider, mais cet idiot s'est laissé attraper. Il s'est laissé
mourir. Voilà.. Nous sommes morts.
Je
pousse de plus en plus sur mes jambes, il le faut, pour se préserver,
alors je cours, pas comme un footing, non, c'est plus une course
contre la mort, ou mieux une course à la mort.
Je
peux apercevoir la fameuse usine dont l'autre imbécile nous avait
parlé. Cela veux dire que bientôt nous serons sauvés, nous ne
sommes plus très loin de la délivrance.
En
peu de temps, nous pénétrons à l'intérieur, mais les deux
imbéciles commencent â partir de l'autre côté. Se séparer n'est
pas une bonne idée ! Une très mauvaise plutôt !
Je
ressens l'envie de leur crier de revenir, mais je n'ai ni la force,
ni le temps.
C'est
idiots se sont jetés dans la gueule du loup...
Nous
pouvons apercevoir la plage à travers un grillage épais. C'est la
où nous devons aller, sur la plage, derrière le grand viaduc. Mais
ce grillage nous empêche de passer !
Heureusement
que celui ci est plié, un peu plus loin. Nous devons donc sauter par
dessus.
Et
le sait.. Ce saut.. Et bien.. Il a été plus qu'épuisant.. En
effet.. Ma batterie vient de se décharger d'un coup..
Mon
cerveau me hurle de m'arrêter, que ça ne sert plus à rien de
fuir.
Nous
créons nos propres démons, et le nôtre va nous tuer..
Je
vais mourir, voilà ce que me répète sans cesse.. Très optimiste
tout ça...
Je
suis la seule. La dernière.. Et je sais que je n'y arriverai pas..
Je le sens..
Ce
n'est pas de l'abandon.. Non c'est de la résignation.. Peut-on fuir
ce que nous créons?
Une
course à la mort veut bien dire ce qu'elle veut dire... Je vais
mourir.
Quoi
que je fasse, je ne m'échapperai pas, je ne partirai pas. Alors à
quoi bon ?
"Alerte
! Batterie faible : 3%"
Ça
ne sert à rien.
C'est
décidé, je me retourne et cours vers elle, vers ce que j'ai créé.
Je n'ai jamais couru comme ça de ma vie entière.
Je
crie , je hurle de toutes mes forces.
Je
crie ma frustration, ma colère, mon amour, toute ma peine.
Je
crie lorsque mon corps entre en contact avec ce mur, j'entends une
voix, dans ma tête, dire : "Réinitialisation
effectuée".
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