Je
regardais la larme couler doucement le long de sa joue. Je
m’imaginais ce que nos vies auraient pu devenir si je ne l’avais
pas prise dans les bras ce jour-là. La pluie frappait le carreau de
la fenêtre. Dans mon cœur la nuit était tombée. Sans que je m’en
sois aperçu, elle avait pris ma main, avait enroulé ses doigts
autour des miens. Ses ongles se plantaient dans ma paume. Je n’osais
pas lui dire qu’elle me faisait mal. Elle me devait bien ça.
Dans
deux heures je serai parti, j'aurai ramassé mes affaires, réglé ma montre,
composté mon billet.
Elle
ne parlait pas mais je voyais dans ses yeux qu’elle me suppliait de
ne pas m’en aller. La pluie tombait toujours ; des litres et
des litres. Encore et encore.
« Il
faut partir maintenant ». Ma voix sonnait étrangement, comme
dans un vieux film mal joué.
J’ai
lâché sa main, pris ma valise, mes clés. Ses yeux suppliaient
toujours mais je ne les voyais déjà plus. Elle marchait comme un
fantôme dans le long corridor doré. Je savais qu’elle allait
m’attendre sur le palier, et qu’elle m’y attendrait toujours.
La
valise était lourde dans ma main. Je regardai une dernière fois
derrière moi, posai ma main sur la poignée, l’autre tenait les
clés. Là ; dans cette chambre où tout s’était joué, plus
personne.
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