mardi 10 décembre 2013

Le coup de foudre de Dylan

COUP DE FOUDRE [...]

                              Je cours. Je cours et j'essaye de ne penser à rien, rien d'autre qu'à ma course. Mais cela m'est impossible.
Il y a tellement de questions qui se bousculent dans ma tête. Il y a aussi tous ces souvenirs qui refont surface, et je vois ma vie défiler, comme si je sentais que la fin était proche. Et puis il y a cette culpabilité qui me ronge, et qui m'empêche de me dire que je mérite de m'en sortir.
   Pourtant je continue à me battre. Je puise les dernières forces qu'il me reste et je cours. J'essaye de ne pas me retourner, mais je la sens qui nous poursuit. La mort. J'entends le cri de ceux qui se font rattraper, et je fais comme si de rien n'était, alors que certains d'entre eux étaient mes amis, et m'avaient aidé à ne pas abandonner. Est-ce honteux de ma part? Ou s'agit-il seulement de mon instinct de survie que je n'aurais jamais soupçonné avoir?

   Nous sommes tous responsables de ce fléau. Nous avons négligé notre planète, et elle s'est retournée contre nous. Toutes les forces de la nature se sont alliées pour nous infliger une punition, pour organiser notre extermination.
Avec les autres, nous avons fui la ville, comme on a toujours fui les problèmes. Nous sommes désormais les seuls survivants. Mais pour combien de temps?
Avons-nous réellement une chance? Combien de kilomètres faudra t-il courir encore, pour échapper à un destin qui semble inévitable?
Après tout, nous avons peut-être mérité ce qui nous arrive, et peut-être qu'il est temps de payer, pour toutes les fautes que nous avons commises.
   
   Je fais de grands efforts pour ne pas me retourner, mais le calme qui règne autour de moi me fait comprendre que je suis seule. La dernière survivante, c'est moi. Est-ce un honneur? Ou un sursis qui signifie que je mérite de souffrir plus que les autres?
Comment peut-on se poser autant de questions en si peu de temps? Peut-être que je deviens folle. Ou peut-être que c'est elle qui me parle, qui me manipule, pour que prenne conscience de la gravité de nos actes, juste avant de mourir.

   Je suis épuisée et tombe dans le sable. A quoi bon survivre? Je n'ai plus personne. Ma famille et mes amis sont morts. J'ai perdu tout ce qui comptait le plus à mes yeux. Je veux pleurer mais je n'y arrive pas. Je ne ressens plus aucune émotion. Je suis seule et je porte sur mes épaules la culpabilité du monde entier.

   Alors non; non cela ne peut pas se terminer ainsi. Je décide qu'il est temps d'arrêter de fuir, et d'affronter la réalité. Je n'ai plus envie de courir. Je ne lui donnerai pas ce plaisir. Si je dois mourir, ce sera avec fierté. Qui sait, peut-être qu'un monde meilleur m'attend de l'autre côté, une chance de repartir à zéro. C'est sûrement ce qu'on appelle l'Espoir. 

Je me lève, me retourne, et la vois qui me sourit. Je lui souris aussi. 
Et je cours. Mais en sens inverse cette fois. Je cours pour me jeter dans ses bras.

C'est mon premier contact avec la mort.

Ce fut un véritable coup de foudre.  [...]

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