mardi 10 décembre 2013

Insoumission d'Emilienne


               Qu'est-ce que c'est? Je ne sais pas mais ça avance, et ça avance fort. Mon instinct me dit de fuir mais je ne peux m'y résoudre. Un hurlement perce les ténèbres à côté de moi. C'est le déclic. Je fais demi-tour et je fonce. Je ne crois pas avoir jamais couru aussi vite de toute ma vie. Mais mettez quelqu'un face à la fin du monde et vous obtiendrez les meilleurs résultats. Je l'entend se rapprocher, happer les autres, mais je ne me retourne pas. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Je me répète qu'il ne faut pas céder à la panique mais rien n'y fait. Je le sens, je commence à perdre mes moyens. Toute cette distance parcourue aura bientôt été vaine. Je jette un rapide coup d’œil par dessus mon épaule; plus personne, mais j'ai une bonne longueur d'avance sur cette espèce d’entité de destruction massive. Mes poumons sont en feu, mes jambes sont en coton, je ne pourrai bientôt plus faire un pas. J'ai encore l'espoir d'y échapper mais cet espoir est aussi vain que ma course folle à travers notre système isolé. 
              Je tombe à genoux. Verse quelques larmes tandis que le désespoir m'envahit. Mais plus que du désespoir, de la rage. La rage de me laisser faire, de ne pas pouvoir lutter. Celle d'abandonner la partie en me soumettant à la peur. La triste réalité s'impose à moi: je ne peux rien faire. A moins que.............. Je me relève, prends une grande inspiration et fais face au fléau. 
                J'ai toujours été un modèle d'insubordination. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais m'incliner. Pas face à ça, pas face à la peur. Je n'ai plus le choix. Je vais foncer dans le mur. Je cours. Je cours et je crie. Je crie ma frustration, ma révolte et ma haine, mes joies mes peines et mes douleurs. Je crie tout ce que je suis face à cette vague destructrice. La fin est proche. Je repense à ceux que j'aime, et mon amour vers eux s'envole comme le songe d'une nuit d'été.

Et je saute..........

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